Alors que le pays se prépare à adopter une nouvelle Constitution, le Dr. Alfred Nguia Banda, figure emblématique du monde universitaire et analyste politique de renom, a lancé un coup de tonnerre dans le ciel déjà agité de la politique gabonaise. Sa récente déclaration, qualifiée de véritable réquisitoire contre les intellectuels impliqués dans la rédaction du projet constitutionnel, soulève une vague d’indignation et de débat. Selon lui, le texte proposé est non seulement une « farce intellectuelle », mais également une « trahison » des principes démocratiques et des aspirations populaires.
Le Dr. Nguia Banda n’hésite pas à qualifier le projet constitutionnel d’« abomination juridique ». Il dénonce un texte truffé de contradictions flagrantes et d’erreurs grossières qui, selon lui, compromettent gravement l’avenir politique du Gabon. Parmi ses critiques les plus acerbes :
- Contradictions Flagrantes :
- Article 53 vs. Articles 112, 116, et 117 : Nguia Banda fait remarquer que l’article 53, qui impose des restrictions sévères sur la candidature présidentielle, entre en totale contradiction avec les articles 112, 116, et 117, qui encadrent les pouvoirs du Parlement et la participation politique. Cette incohérence juridique met en péril la cohérence du texte.
- Article 28 vs. Article 53 : L’article 28, qui promet la participation des Gabonais de la diaspora, se heurte à l’article 53, alinéa 5, excluant ces citoyens de la présidentielle. Cette contradiction manifeste entre les droits garantis et les exclusions imposées est perçue comme une manipulation politique.
- Critères Discriminatoires :
- Conditions de Candidature : L’article 53 fixe des critères restrictifs pour la candidature présidentielle, imposant des conditions de nationalité, de résidence, et d’âge jugées excessives. Nguia Banda critique cette approche comme étant non seulement discriminatoire mais aussi profondément antirépublicaine.
- Exclusion des Handicapés : L’article 32 garantit l’égalité d’accès aux emplois pour les personnes handicapées, mais cette garantie est mise en cause par l’article 53, alinéa 7, qui exclut ces personnes de la présidence. Cette exclusion est jugée comme une atteinte flagrante aux droits fondamentaux.
L’analyse du Dr. Nguia Banda va plus loin en dénonçant la nature vague et potentiellement tyrannique du régime proposé :
- Absence de Définition Claire : Le projet ne définit pas clairement le régime politique, oscillant entre un système présidentiel et parlementaire, tout en introduisant des éléments d’une monarchie absolue. Cette ambiguïté est perçue comme une tentative de concentration du pouvoir entre les mains du président.
- Pouvoir Absolu du Président : Le texte confère au président des pouvoirs exorbitants, incluant la nomination discrétionnaire du vice-président et des ministres, réduisant ces derniers à une simple responsabilité devant lui. Cette concentration de pouvoir est vue comme une menace sérieuse pour la démocratie et les équilibres institutionnels.
Le Dr. Nguia Banda s’attaque aussi à des articles spécifiques qui, selon lui, sont non seulement obsolètes mais également nuisibles :
- Article 53 : En plus des critères de nationalité et de résidence, cet article impose une restriction d’âge qui semble arbitraire et déconnectée des réalités politiques et sociales actuelles. La stipulation selon laquelle les candidats doivent être âgés de 35 à 70 ans exclut de facto de nombreux citoyens talentueux et expérimentés.
- Critères de Conjoint : L’exigence selon laquelle le président doit avoir un conjoint gabonais est considérée comme une ingérence inacceptable dans la vie privée et une forme de discrimination.
Pour le Dr. Nguia Banda, le projet constitutionnel est une déception amère et un acte de trahison envers le peuple gabonais. Il accuse les intellectuels impliqués dans la rédaction de cette Constitution de trahison intellectuelle et politique. Selon lui, leur échec à proposer un texte cohérent et juste représente une « conspiration intellectuelle » contre les aspirations démocratiques du Gabon.
Il appelle à un renouveau constitutionnel radical, éloigné des erreurs du projet actuel, pour restaurer la confiance du peuple et garantir un avenir politique équilibré et démocratique.
En conclusion, Nguia Banda appelle les autorités de la Transition à rejeter le projet actuel et à entamer un véritable processus de révision constitutionnelle, impliquant des experts et des citoyens engagés. Il plaide pour une Constitution qui reflète les véritables aspirations démocratiques du Gabon et qui soit capable de jeter les bases d’une gouvernance juste et équitable.
Cette déclaration ouvre un nouveau chapitre dans le débat sur la Constitution du Gabon, invitant à une réflexion profonde sur les valeurs démocratiques et les principes de gouvernance.