Rappeur reconverti dans politique, Jeff Blampain est un leader d’opinion respecté et actif au sein de la jeunesse Gabonaise. Plusieurs fois arrêté pour des faits liés à ses prises de position politique, il vient de purger 2 mois d’incarcération à la prison centrale de Libreville. Il nous parle de son arrestation et de son séjour carcéral :
Bonjour Jeff. Comment est-ce que vous vous sentez depuis votre sortie de prison ?
Je suis encore traumatisé par ce que j’ai vécu dans cette cellule d’isolement où j’étais enfermé sans lumière du soleil, un endroit qui me rendait paranoïaque au point où je parlais avec des cafards.
Mes grands frères, Brice Laccruche Alihanga et les autres vivent dans cet enfer.
Comment s’est passé ce séjour carcéral ?
J’ai vécu un cauchemar : Au 21éme siècle nous n’avions droit ni à la télévision ni à la radio ni aux appels téléphoniques. Les hommes du Président Ali bongo Ondimba n’ont pas droit au social c’est ce que j’ai vécu pendant mes deux mois d’incarcération.
Ce n’est pas la première fois que vous vous retrouvez en prison.
Pouvez-vous nous rappeler les mobiles qui vous ont valu ce séjour en prison ?
Oui, c’est ma deuxième prison. Récidiviste, cette fois, j’ai été jeté dans les geôles de Gros Bouquet pour incitation à la rébellion suite au ‘’Mouvement des casseroles’’ qui a été un succès national et international.
Ceux qui m’ont mis aux arrêts ont dit que je m’opposais au pouvoir public depuis près de 10 ans .
Mobilisateur de la jeunesse gabonaise selon ces derniers, j’avais pour ambition de renverser le pouvoir PDG, constituant donc un danger pour la stabilité du pays, Je mérite la peine capitale.
Le grand public à fait ta connaissance à travers la chanson, tu chantais du rap. Quelles sont les motivations qui t’ont poussé à faire aujourd’hui la politique ?
Je fais du rap depuis longtemps et la politique depuis près de 10 ans.
Le rap reste mon passe-temps favoris. La mauvaise gestion du pays m’a poussé à faire la politique car, nos anciens opposants ont décidé de faire du vas et vient comme René Ndemezo’o Obiang, c’est pourquoi j’ai décidé de reprendre le flambeau pour les générations futures
On discerne difficilement ta position politique : Tantôt tu fais des éloges au régime en place, parfois tu critiques de façon acerbe le chef de l’Etat. Tu es finalement dans quel camp ?
Pour tout vous dire, je suis un centriste, démocrate, je suis ouvert à toute sorte de débats républicains
Mes fréquentations sont nombreuses : les hommes du pouvoir ne sont pas mes ennemis mais des gabonais dans un Gabon indivisible. Certaines personnes malheureusement utilisent les appareils de l’état pour commettre des exactions et des troubles à l’ordre public, Je veux parler du cas de Chimène Manongo et des deux jeunes gens qui ont été abattus froidement au PK 6 et au PK 11 sans qu’aujourd’hui, les enquêtes ne nous révèlent quoi que ce soit.
Ces individus font croire au Chef de l’Etat que les PK sont infréquentables dans le but de lui faire sortir beaucoup d’argent destiné mensongèrement à aller apaiser la tension dans ce fief.
Nous devons nous parler pour ramener le calme car, nous sommes à la veille d’une élection présidentielle et pour cela, les jeunes doivent se parler franchement afin de préserver l’unité nationale.
Un dernier mot ?
En guise de dernier mot, je voudrais demander au Chef de l’Etat de pardonner ceux qui ont fait du mal à ce pays. Je voudrais également solliciter son indulgence afin que mes grands frères qui vivent comme des esclaves dans les cellules de l’Annexe 1 soient aussi relaxés.
Que Dieu bénisse le Gabon.