L’initiative récente de la République centrafricaine, qui promeut la libre circulation des personnes au sein de la CEMAC, soulève des interrogations cruciales sur la capacité d’autres pays, comme la Guinée équatoriale et le Gabon, à suivre cette voie. Tandis que le Cameroun a déjà amorcé l’ouverture de ses frontières, notamment avec le Tchad, le Gabon et la Guinée Équatoriale semblent prendre du recul face à une réalité migratoire complexe.
Le Gabon, souvent perçu comme un eldorado africain, attire un nombre croissant de ressortissants d’autres pays. Pour beaucoup, il ne s’agit pas simplement de tourisme, mais d’une quête d’opportunités et d’un avenir meilleur. Les migrants, entrant comme touristes, se retrouvent souvent à s’installer clandestinement, fuyant des situations économiques précaires dans leurs pays d’origine. Cette immigration incontrôlée a conduit à une situation alarmante : aujourd’hui, le taux d’étrangers sur le territoire gabonais est deux fois supérieur à ce qui est considéré comme acceptable. En conséquence, la population étrangère pourrait même rivaliser avec celle des Gabonais.
Cette afflux massif d’immigrés entraîne des conséquences désastreuses, tant sur le plan sécuritaire qu’économique. L’insécurité, la concurrence pour les ressources limitées et la pression sur les infrastructures sont autant de défis que le Gabon peine déjà à gérer. Alors, que se passera-t-il si le pays ouvre ses frontières, comme le stipulent les accords de la CEMAC ? La libéralisation des mouvements de personnes et de biens dans un contexte déjà délicat risque d’aggraver une situation déjà critique.
La circulaire émise par les autorités de la République centrafricaine pour l’application complète de la libre circulation, conformément aux accords de la CEMAC.
De son côté, la Guinée équatoriale montre également une certaine retenue face à la libre circulation des personnes. Bien que faisant partie de la CEMAC, le pays est confronté à des défis similaires à ceux du Gabon, notamment une pression migratoire qui pourrait compromettre la sécurité et la stabilité sociale. Dans ce contexte, il est légitime de se demander si ces pays peuvent réellement se permettre de suivre les directives de la CEMAC sans d’abord renforcer leurs propres mécanismes de contrôle des frontières.
À l’opposé, le Cameroun a amorcé un processus d’ouverture, en facilitant la circulation des personnes avec des pays comme le Tchad. Cependant, cela a également soulevé des préoccupations sur la capacité du pays à gérer un afflux supplémentaire d’étrangers dans un environnement déjà marqué par des défis socio-économiques.
L’exemple de la République centrafricaine, bien que louable, doit être mis en perspective avec la réalité des autres pays de la CEMAC. Le Gabon et la Guinée équatoriale, confrontés à des taux d’immigration inquiétants, doivent envisager sérieusement les implications d’une ouverture des frontières. Avant de se lancer dans la libre circulation des personnes, il est impératif de renforcer les capacités de gestion des migrations, d’améliorer la sécurité et d’assurer une intégration harmonieuse des populations. La libre circulation doit être synonyme de bénéfices partagés, et non d’une exacerbation des tensions existantes.