Brûler le livre d’un opposant ou se torcher avec l’image du Président : même traitement, où est le Procureur ?

Ce geste incendiaire, doublé d’un discours virulent, est une véritable incitation à la haine. Le compatriote, dans un élan de démagogie et d’arrogance, s’est vanté de sa haine pour l’œuvre d’Alain Claude Billie-By-Nze, allant jusqu’à déclarer que « la place de ce livre est à la poubelle » et qu’il faut « faire comme lui », en le brûlant. Cette posture violente et dangereuse ne peut être interprétée autrement que comme une tentative de dresser les Gabonais les uns contre les autres.

Image de l’un individu en train de brûler publiquement le livre d’Alain Claude Billie-By-Nze, ancien Premier ministre d’Ali Bongo

Et pourtant, il y a à peine cinq ou six mois, le procureur de la République lui-même avait pris la parole publiquement pour dénoncer les discours d’incitation à la haine, au tribalisme et à la division. À cette époque, de tels propos étaient fermement condamnés. Comment peut-on aujourd’hui accepter que des citoyens se permettent de cracher publiquement leur haine sans être rappelés à l’ordre ?

L’histoire nous enseigne que les grands conflits naissent souvent de petites étincelles : des propos irresponsables, des actes de violence symbolique, comme celui de brûler un livre. Ces gestes, apparemment isolés, créent un climat délétère, propice aux divisions et aux conflits sociaux. En encourageant publiquement la destruction d’une œuvre littéraire qu’on l’apprécie ou non, ce compatriote sape les fondements mêmes du dialogue et du débat civilisé. Il contribue à créer un climat de haine où la pensée critique n’a plus sa place et où seuls les actes de violence et de rejet subsistent.

Se positionner « soutien inconditionnel » d’un pouvoir ne doit jamais justifier une telle déviation. Si la transition est un espoir pour le Gabon, ce n’est certainement pas en attisant les flammes de la haine que ce pays parviendra à se reconstruire. Le président Brice Clotaire Oligui Nguema, en véritable homme d’État, doit rappeler à ses soutiens que la haine ne fait qu’engendrer la violence, et que le développement et la cohésion sociale doivent prévaloir.

Pour l’avenir de notre nation, il est impératif de stopper ces discours de haine et de division avant qu’ils ne dégénèrent en conflits plus graves. Les autorités compétentes se doivent de faire respecter la loi et de rappeler à tous que la liberté d’expression ne peut justifier l’incitation à la violence.

Il est impossible de ne pas souligner une profonde incohérence dans la manière dont ces actes sont traités par les autorités. Récemment, un mineur avait posé un acte tout aussi grave en se torchant avec un t-shirt à l’effigie du chef de l’État. Ce jeune garçon a été appréhendé, mis aux arrêts et exhibé par la police à la télévision et sur les réseaux sociaux comme un criminel de grand chemin. Une condamnation rapide, sévère et largement médiatisée.

On attend donc que celui qui a brûlé le livre d’Alain Claude Billie-By-Nze subisse le même sort, pour montrer clairement qu’au Gabon, il n’y a pas de justice à deux vitesses. Si le gouvernement se veut garant de l’unité nationale et de l’égalité devant la loi, il doit prouver que les mêmes règles s’appliquent à tous, quel que soit l’objet de leur colère ou de leur dissidence. Le respect des symboles et des personnes publiques ne peut pas être à géométrie variable.

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