Lors du voyage républicain du président de transition dans la province du Woleu-Ntem, ce dernier a procédé à l’inauguration du nouveau marché de Bitam, construit sur la controversée place de l’aéroport. Cet aéroport, riche en histoire pour avoir servi lors de la dernière guerre et étant parmi les premiers du pays, a vu une partie de la population réagir promptement.
Un collectif d’un millier de signataires a lancé une pétition pour la réhabilitation de cet aéroport, mettant en avant son importance historique et stratégique pour la défense et l’économie du pays, situé entre la Guinée Équatoriale et le Cameroun. Ils dénoncent la gabegie financière orchestrée par les « bandits en col blanc » du régime déchu, dont un fils de la localité qui aurait détourné les fonds pour se construire un marché privé sur le site de l’aéroport. Le collectif exige la réhabilitation du marché, soulignant l’ère de restauration des institutions et de l’honneur des citoyens.
Alors que l’on attendait la réaction des nouvelles autorités, un nouveau groupe, les « Notables et Cadres du Ntem », est apparu hier, le 25 juillet, pour soutenir une position diamétralement opposée. Pour eux, il faut éviter les polémiques inutiles et privilégier l’intérêt supérieur de la localité. Lors du passage du chef de l’État à Bitam, il a annoncé un vaste projet d’infrastructures sur la zone de l’ancien aéroport, incluant la construction d’un héliport, d’un hôpital militaire, d’une caserne de gendarmerie, d’une salle polyvalente, d’une crèche, et de bâtiments pour les services publics de la ville. Ce projet, selon eux, améliorera l’image de Bitam et les conditions de travail des fonctionnaires, tout en offrant un accès plus facile aux services publics pour la population.
Cependant, ce débat a exposé une fracture au sein de la communauté de Bitam. Plutôt que de résoudre leurs divergences en famille, ces groupes ont choisi de laver leur linge sale en public, via des conférences de presse. Cette situation montre une absence de la sagesse africaine qui prône la discrétion dans les affaires familiales. Certains analystes voient derrière cette guerre de groupes des petits influenceurs politiques cherchant à se positionner politiquement.
Le président de transition devra trancher entre ces revendications opposées. En attendant, Bitam présente au reste du Gabon l’image de frères et sœurs incapables de régler leurs différends en privé, préférant l’étalage public de leurs désaccords.