Un an après la chute du régime sanguinaire des Bongo, une lueur d’espoir avait brillé pour les familles des victimes du massacre de 2016. Ces familles, meurtries par la douleur et l’injustice, avaient cru en la promesse du général Brice Clotaire Oligui Nguema d’un Gabon refondé, un Gabon où justice serait enfin rendue. Pourtant, sept ans après ce massacre, la réalité est tout autre : les corps des martyrs restent introuvables, la justice n’a jamais été rendue, et l’indifférence des Gabonais est plus glaçante que jamais.
Le 31 août 2024, au QG de Jean Ping, les survivants se sont rassemblés, des bougies à la main, pour honorer la mémoire des martyrs de 2016. « Nous sommes les oubliés de la nation gabonaise », a déclaré une survivante, la voix tremblante de douleur. « Nous sommes le sacrifice qui a conduit à l’effort de 2023. Et qu’avons-nous reçu en retour ? L’oubli. » Ces mots, poignants et bouleversants, résonnent comme un cri d’alarme dans le silence assourdissant de l’indifférence nationale.
Ces héros de 2016, qui ont offert leur vie pour un Gabon libre, se voient aujourd’hui trahis par ceux-là mêmes pour qui ils se sont battus. Les murs criblés de balles au QG de Jean ping témoignent encore de l’horreur vécue par ces Gabonais, et pourtant, aucun hommage digne de ce nom ne leur a été rendu. Les corps de leurs frères restent disparus, enfouis dans l’oubli, sans même une sépulture pour pleurer leur perte.
Images des émeutes qui ont éclaté après la proclamation des faux résultats par les autorités en charge des élections.
Le 30 août, le Gabon a célébré ses héros. Mais qui sont ces héros ? Ceux qui ont conduit le pays au sacrifice ou ceux qui ont laissé ces martyrs tomber dans l’oubli pour des gains personnels dans un régime de transition qui ressemble de plus en plus à un miroir du passé ? La société civile s’est tue, les leaders ont troqué leur voix contre des postes et des avantages, abandonnant ainsi les familles des victimes à leur douleur silencieuse.
Comment peut-on encore croire en un Gabon libre quand ceux qui ont sacrifié leur vie pour cette liberté sont trahis par leurs propres compatriotes ? À Libreville, la commémoration a été timide, marquée par l’absence et la peur. À Paris, loin des regards, ceux qui osent encore se souvenir se comptent sur les doigts d’une main. Est-ce cela le Gabon que nous voulons ? Un Gabon où les morts sont oubliés, où les survivants sont réduits au silence, où la justice n’est qu’une illusion cruelle ?
La transition au Gabon ne doit pas être synonyme de trahison. Ceux qui ont combattu pour un Gabon libre méritent notre respect, notre mémoire, et surtout, notre justice. Se taire face à cette indifférence, c’est trahir une fois de plus ces âmes sacrifiées. Gabonais, réveillez-vous ! Ne laissez pas le sang versé pour votre liberté se diluer dans l’oubli et l’indifférence.