Analyse Critique : peut-on vraiment démanteler Olam au Gabon ?

L’une des principales justifications avancées pour le maintien d’Olam et d’autres entreprises dans le pays est leur contribution significative à l’économie nationale. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : Olam et Arise détiennent conjointement 143 412 hectares de terres, dont 59 275 hectares sont consacrés aux palmiers à huile. Ces entreprises emploient directement et indirectement environ 14 000 personnes, générant ainsi des revenus mensuels considérables estimés à une dizaine de milliards de FCFA. En outre, elles ont joué un rôle crucial dans la diversification économique du Gabon, notamment à travers le développement de la production forestière et agricole.

Le rapport sur l’impact du secteur bois sur l’économie gabonaise, réalisé en 2023 par le ministère de l’économie et des participations en collaboration avec le cabinet Ernst & Young, met en évidence les retombées positives des activités d’Olam et d’autres acteurs du secteur. La production forestière a presque doublé depuis 2010, entraînant une augmentation significative de la production industrielle dans divers segments, tels que le sciage, le placage et le contreplaqué. De plus, la création de la zone économique spéciale de Nkok, financée par Arise IIP, a stimulé l’activité industrielle et contribué à hauteur de 31% à la production industrielle nationale en 2022.

Toutefois, malgré ces contributions indéniables à l’économie gabonaise, la question de la légitimité des activités d’Olam et d’Arise se pose. Leur proximité présumée avec l’ancien régime suscite des inquiétudes quant à leur intégrité et à leur transparence. Cependant, la remise en question de leur légitimité ne doit pas occulter leur impact économique positif, qui est essentiel pour le développement du Gabon.

En envisageant sérieusement le démantèlement d’Olam, l’État gabonais se trouve confronté à un dilemme complexe. D’une part, il doit répondre aux aspirations populaires exprimées lors du dialogue national inclusif. D’autre part, il doit prendre en considération les conséquences potentiellement désastreuses d’une telle action sur l’économie et la société gabonaises. Le démantèlement d’une entreprise de cette envergure risque de se traduire par des pertes d’emplois massives, une baisse des revenus nationaux et une déstabilisation du secteur économique.

De plus, la capacité réelle de l’État gabonais à démanteler une entreprise comme Olam reste sujette à débat. Les liens historiques et financiers entre ces entreprises et le gouvernement soulèvent des questions sur la volonté politique et la capacité institutionnelle de mener à bien une telle opération. La mise en œuvre d’un tel démantèlement nécessiterait des compétences techniques, des ressources financières et une coordination efficace, ce qui pourrait dépasser les capacités actuelles de l’État.

La question du démantèlement d’Olam au Gabon est loin d’être tranchée. Si les préoccupations concernant l’intégrité et la transparence des entreprises multinationales doivent être prises au sérieux, il est impératif de peser soigneusement les avantages et les inconvénients d’une telle action sur l’économie et la société gabonaises. L’État gabonais doit adopter une approche équilibrée et prudente, en cherchant des solutions qui concilient les intérêts des différentes parties prenantes tout en préservant la stabilité économique et sociale du pays.

Sources : GMT

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