L’Union Nationale est un parti politique crée sur la base d’un deal entre Zacharie Myboto, André Mba Obame et Casimir Oyé Mba à la fin de l’élection présidentielle de 2009.
Contrairement aux Démocrates, le Rassemblement pour la Patrie et la Modernité, son armature militante repose essentiellement sur les deux grandes ethnies majoritaires du Gabon : des Fangs et des Nzébi.
Comment comprendre alors que jusque-là, les fangs n’arrivent pas à diriger ce parti quand on sait que dans cet accord de création, la clause de rotation ethnique était convenue et que tous le savent ?
A la fin de l’élection présidentielle de 2009 qui a vu la victoire d’Ali Bongo Ondimba, les candidats André Mba Obame et Casimir Oyé Mba ont créé une coalition autour de Zacharie Myboto qui était à cette époque, Président de l’UGDD.
D’un point de vue stratégique, il était question de regrouper les deux ethnies majoritaires du pays pour faire front au PDG et de rendre ingérable le Gabon à Ali Bongo Ondimba.
Cependant, Zacharie Myboto étant président de l’UGDD, il était normal de lui conférer la présidence du tout nouveau Union Nationale car, André et Casimir étaient des candidats individuels et compte tenue de la puissance et de l’aura d’André Mba Obame et de la notoriété internationale de Casimir Oyé Mba qui ont contribués à l’optimisation de la musculature politique ce parti, des clauses de gestion et de candidatures ont été mis au point pour un meilleur partage des responsabilités.
- Zacharie Myboto dirige le parti (clause de gestion) ;
- Un Fang sera candidat à la prochaine élection présidentielle (clause candidature) ;
- Apres le mandat de Zacharie Myboto, un fang prend la tête du parti (clause de gestion);
- Et un Nzebi sera candidat à la prochaine élection présidentielle (clause de candidature).
Malheureusement, avant l’élection de 2016, André Mba Obame a été rappelé à Dieu. C’est la raison pour laquelle Casimir Oyé Mba a été investi comme candidat de l’Union Nationale face à Ali Bongo Ondimba (cf JA 13 juillet 2016), histoire de respecter la clause de candidature.
Aussi, le président du parti avait pris le soin de donner la consigne de vote à sa base ethnique : sur ce cas, il a respecté le deal.
Aussi, quelques mois avant le renouvellement de l’exécutif, suite au retrait de Zacharie Myboto des affaires politiques, c’est le décès de Casimir Oyé Mba qui s’en suit plongeant ainsi la base fang dans l’inquiétude de ne plus avoir une figure emblématique au sein de l’exécutif si ce n’est Ondo Edou.
Que s‘est donc-t-il passé pour qu’on se retrouve avec deux candidatures : la nièce et le beau fils de « Zack Power » en lieu et place d’un fang comme convenu.
Stratégiquement, il faut avouer que ces candidatures qui traduisent la volonté manifeste de Zacharie Myboto à toujours avoir la main mise sur son parti a été savamment préparé pour faire ombrage à une probable candidature fang.
Dans l’arborescence structurelle de ce parti, les fangs on toujours joués les seconds rôles : André Mba Obame était Secrétaire Exécutif, et Casimir Oyé Mba, vice-président pendant que Zacharie Myboto était président.
Pour réduire à néant leurs prétentions et ce, définitivement, la commission électorale a été confiée aux fangs les plus influents du parti.
Nous le comprenons aisément car, un membre de la commission électorale ne peut prétendre à une quelconque candidature suivant le cadre normatif de l’Union Nationale.
Or, si André Mba Obame vivait de nos jours, il aurait tué dans l’œuf cette mise en scène stratégique visant à pérenniser l’ethnie de Zacharie Myboto à la tête du parti.
En homme de principe, il aurait exigé le respect de la clause de gestion, scellé à la création de l’Union Nationale car, n’étant plus président, le tour revenait à un fang de lui succéder.
Par conséquent, au-delà de la dangerosité que comporte la fondation bi-ethnique de ce parti, il est aisé pour le comprendre que, les décès successifs d’André Mba Obame, de Pierre Claver Nzeng Ebome et de Casimir Oyé Mba dans ce parti laissent l’opportunité à Zack Power de diriger ce parti comme il le veut et tant qu’il sera là, aucun fang ne pourra prétendre à une fonction de leader, la puissance qu’exerce son beau-fils Paul Marie faisant la démonstration forte de sa volonté à toujours diriger l’Union Nationale en coulisse tel que l’a fait Vladimir Poutine en plaçant Dimitri Medvedev à la tête de la Russie il y a quelques années.
Bien qu’elle soit sa nièce, Paulette Missambo se montre depuis sa victoire, difficilement malléable dans son système managérial. Elle veut formater ce parti au gré de son expérience. Les réformes qu’elle entreprend laissent présager une perte de contrôle totale de l’Union Nationale au « bébé politique » de Zack Power au regard de la puissance technique de Paulette Missambo.
Au-delà de la violation flagrantes des accords consécutifs à la création de l’Union Nationale et vu que l’ethnie Nzebi est toujours à la tête de ce parti, vont-ils respecter cette fois ci, la clause d’une candidature fang en 2023 ?
Affaire à suivre…