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Après huit ans et deux mois d’exil politique en France, Alfred Nguia Banda s’apprête à retrouver le sol gabonais. Ce retour symbolique est plus qu’un simple déplacement géographique : c’est un témoignage vibrant, empreint de reconnaissance, de mémoire et de détermination. Dans sa déclaration poignante, il rend hommage aux figures et institutions qui l’ont soutenu dans son parcours difficile, tout en lançant des messages forts aux autorités actuelles et à l’ensemble du peuple gabonais.
Alfred Nguia Banda n’oublie pas ceux qui ont rendu son exil supportable. Il exprime une gratitude profonde envers l’OFPRA et les autorités françaises, qui ont su accueillir les réfugiés politiques gabonais. Mais ce sont surtout les liens familiaux et amicaux qui ont forgé sa résistance. Ses paroles témoignent d’une résilience hors du commun, soutenue par son grand-père Jean Pierre Lemboumba Lepandou, ses oncles, ses amis politiques, et la diaspora gabonaise. Le décès de son épouse, moment d’épreuve ultime, a révélé la force d’une solidarité transnationale qui transcende les divergences.
Nguia Banda salue la « diaspora résistante », ce réseau de Gabonais dispersés en Europe mais unis par un même désir de justice. Leur mobilisation face à l’adversité témoigne de la vitalité d’une communauté qui refuse de sombrer dans le désespoir. Ce passage, émouvant, rappelle une vérité fondamentale : « C’est dans l’adversité que l’homme se découvre », comme le disait Saint-Exupéry. Un message pour tous ceux qui, au Gabon ou ailleurs, luttent contre les injustices.
Mais cette déclaration n’est pas seulement un hymne à la gratitude. C’est aussi un message politique tranchant. Alfred Nguia Banda rend hommage au Général Brice Clotaire Oligui Nguema et au CTRI pour avoir renversé le régime d’Ali Bongo, qu’il qualifie de« despotisme stalinien ». Il voit dans cette transition une lueur d’espoir pour les réfugiés politiques, mais reste lucide : les opportunistes et les mercantilistes, incarnations de la corruption et du vide moral, sont encore là. Sa mise en garde est claire : ne pas laisser ces forces négatives saboter une transition pourtant salutaire.
En citant Jean Jaurès « Aller à l’idéal et comprendre le réel » Nguia Banda donne une clé de lecture essentielle pour le Gabon de demain. L’idéal ? Rassembler un peuple divisé, restaurer la dignité nationale. Le réel ? Distinguer ceux qui œuvrent pour l’intérêt général de ceux qui ne poursuivent que leurs intérêts personnels. Un message puissant, qui résonne comme un avertissement.
Alfred Nguia Banda ne rentre pas seulement chez lui : il rentre avec un bagage de luttes, d’expériences et de convictions. Son message transcende le cadre personnel pour devenir un appel national. Ce retour est un symbole de résilience, mais aussi un rappel brutal des défis qui attendent le Gabon. Les autorités en place, le peuple, et même ses anciens adversaires politiques : tous sont interpellés. Le Gabon est à un tournant. Sa réussite dépendra de sa capacité à écouter ces voix du retour, porteuses d’espoir mais aussi de vérités dérangeantes.