Le Dialogue National Inclusif (DNI), qui s’est achevé le 30 avril dernier, a laissé un goût amer aux professionnels de la presse gabonaise. Réunis en collectif, les patrons des médias privés ont exprimé publiquement leur indignation face à un traitement désobligeant et irrespectueux, révélant un scandale qui met en péril la dignité et le libre exercice de leur profession.
Depuis le 30 août 2023, le Gabon est engagé dans une phase cruciale de transition sous la direction du Comité de Transition pour la Restauration des Institutions (CTRI), mené par le général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema. Ce dernier avait promis une presse rehaussée en dignité, avec une aide financière substantielle de 500 millions de francs CFA et la création de 500 postes budgétaires pour les agents publics du secteur communication. C’est dans cet esprit que les médias privés se sont mobilisés pour jouer leur rôle tout au long de la transition.
Pour couvrir le Dialogue National Inclusif, un Comité technique composé de représentants des médias, de la Haute Autorité de la Communication (HAC) et du Ministère de la Communication et des Médias avait validé une liste de 73 organes de presse et 250 journalistes. Cependant, le Ministère de la Réforme des Institutions a scandaleusement altéré cette liste, accréditant près de 400 personnes, dont des agents de communication de ministères et d’autres institutions administratives, sans lien avec le journalisme.
Cette inflation opportuniste du nombre d’accréditations a eu des conséquences désastreuses. Des individus non qualifiés se sont retrouvés mêlés aux véritables journalistes, dilapidant les ressources destinées à ces derniers. Pourquoi ces agents de communication des ministères ont-ils été inclus dans la cagnotte réservée aux entreprises de presse ? Cette question reste sans réponse, suscitant l’indignation.
Les conséquences de cette manœuvre sont claires : une ligne budgétaire atrophiée et insuffisante pour rémunérer dignement les journalistes accrédités. Ces reporters, ayant couvert un événement majeur pour le pays, se sont retrouvés humiliés avec des jetons de présence dérisoires de 500.000 francs CFA après un mois de réquisition. Une somme dérisoire comparée à l’enveloppe globale de 500 millions de francs CFA allouée à la presse, et bien inférieure à ce que percevaient les autres participants.
Face à cette situation scandaleuse, le collectif des médias privés appelle à l’arbitrage du président de la République, principal initiateur de ce dialogue, pour rectifier ce préjudice et restaurer la dignité de la presse nationale. Les pratiques actuelles menacent gravement le libre exercice de la profession journalistique et les droits qui y sont attachés. Si la presse nationale continue d’être méprisée de la sorte, c’est tout l’avenir de l’information libre et indépendante au Gabon qui est en jeu.
Le président de la République doit intervenir pour corriger cette injustice. Le respect de la presse n’est pas une option, mais une obligation pour toute société qui se dit démocratique et respectueuse des droits de l’homme. La liberté de la presse est un droit fondamental, et il est temps que les autorités gabonaises le reconnaissent et l’honorent pleinement.
La presse gabonaise mérite le respect et la considération en tant que gardienne de la démocratie et de la transparence. La nation entière doit se lever contre ce mépris et soutenir ces voix courageuses qui ne cherchent qu’à informer le peuple avec intégrité et vérité.