À quelques jours de la campagne officielle pour le référendum du 7 novembre, le pays semble déjà divisé. Le Président Brice Clotaire Oligui Nguema et une majorité de ses ministres se mobilisent activement pour garantir un vote massif en faveur du « Oui ». Depuis plusieurs mois, les membres du gouvernement, ainsi que des représentants d’institutions majeures – Sénat, Assemblée nationale, et bien d’autres se sont précipités dans leurs circonscriptions pour promouvoir cette orientation référendaire, bien avant la date de lancement officiel de la campagne. Une infraction notoire aux règles du code électoral, mais qui révèle une stratégie politique claire : montrer la force du « Oui » et préparer le terrain pour la présidentielle à venir.
Le calcul est limpide. En amassant des voix pour le « Oui », chaque acteur politique espère non seulement sécuriser sa position auprès du nouveau régime mais aussi démontrer sa capacité d’influence électorale. Cette campagne déguisée laisse déjà entrevoir la direction de l’élection présidentielle imminente, où Oligui Nguema se projette, armé des statistiques du référendum pour jauger le soutien de ses alliés potentiels.
Mais au milieu de cette course effrénée vers le « Oui », un silence intrigue et questionne : celui du Premier ministre Raymond Ndong Sima. En retrait de la scène, Ndong Sima n’a donné aucun mot d’ordre concernant sa position sur le référendum. Ce silence est d’autant plus mystérieux qu’il avait, il y a peu, lancé un avertissement qui résonne encore : « Les militaires ne devraient pas être candidats à la prochaine élection. »
Ce mutisme du Premier ministre soulève plusieurs hypothèses. Compte-t-il lancer un appel en faveur du « Non », et ainsi défier ouvertement le Président Oligui Nguema ? Ou maintiendra-t-il cette distance prudente jusqu’au bout, évitant ainsi de s’enfermer dans une position qui pourrait compromettre sa carrière politique ? Ce silence pourrait être une stratégie audacieuse, un acte de dissidence implicite face à un régime qui cherche à s’imposer.
Alors que les Gabonais attendent impatiemment des réponses, l’absence d’engagement de Ndong Sima devient une énigme politique de taille. Va-t-il soutenir le « Oui » et jouer le jeu du pouvoir ? Ou, au contraire, restera-t-il fidèle à sa déclaration, marquant ainsi un potentiel bras de fer avec le président ? Les prochains jours seront décisifs et permettront de savoir si Ndong Sima se contente de l’ombre ou prépare un coup d’éclat. Une chose est sûre : l’avenir du Gabon s’écrit dans cette tension électorale, où chaque silence, chaque mouvement, compte plus que jamais.