Le Woleu Ntem, ce petit coin de paradis musical au Gabon, pourrait se retrouver avec un défi plutôt épineux dans un futur proche. Imaginez un instant l’adoption imminente d’une réglementation obligeant tous les spectacles à des spectacles en live, à l’image de nos voisins congolais. Eh bien, cela risque de mettre bon nombre d’artistes auto-proclamés dans une situation plutôt délicate, les poussant à abandonner leurs rêves musicaux et à chercher la gloire ailleurs. Autant dire que la scène musicale du Grand Nord risque d’être plus vide qu’une piste de danse un lundi soir.
Ndong Mboula bien qu’étant la plus grande star du Woleu Ntem n’arrive pas encore à se produire en live .
Se produire en live c’est la nouvelle tendance du moment. Cela offre aux spectateurs une expérience plus immersive que jamais, et aux artistes une exposition mondiale qui fait pâlir d’envie les plus grandes stars. Mais voilà, au Woleu Ntem, la grande majorité de nos talents locaux n’est tout simplement pas prête à faire face à cette exigence de performance en live.
Tout comme ici Diane Amédée et Espoir la tigresse en bas qui si cette décision tombait vont avoir des problèmes pour continuer d’exister artistiquement.
Je veux dire, soyons honnêtes, on est encore en train de se battre avec les câbles pour brancher nos amplis, alors vous imaginez bien que les défis logistiques et financiers d’un spectacle en live risquent de nous laisser dans un sacré embarras.
On se retrouverait à danser sur du sable mouvant, tandis que les autres artistes, déjà habitués à cette pratique, danseraient sur du parquet ciré.
Et puis, il y a cette obsession du « buzz » et de la célébrité à tout prix. Dans un monde où il faut être visible sur tous les réseaux sociaux, beaucoup d’artistes du Woleu Ntem se sentent déjà dépassés. Alors, plutôt que de se lancer dans une course effrénée vers la modernité, ils pourraient être tentés de prendre le premier vol pour une région ou un pays où les exigences technologiques et médiatiques sont moins contraignantes. Après tout, qui a besoin de performances en live quand on peut se contenter de publier des selfies avec des filtres Instagram et se produire en playback dans les bars de cocotier ?
Prospère Nze fait parti des rares artistes du Woleu Ntem a de produire sur scène en live
En bas, le Général Rody Menie a compris la nécessité de s’arrimer à l’exigence de se produire en live si vous voulez vous lancer dans une carrière internationale
La perspective de se produire sur scène en direct obligatoire pour tous les spectacles au Gabon, à l’instar du Congo, suscite de légitimes inquiétudes quant à l’avenir de notre scène musicale locale. Si cette réglementation voit le jour, il est fort probable que nous assistions à une grande fuite des artistes du Woleu Ntem, qui ne sont tout simplement pas prêts à affronter les défis et les frais supplémentaires liés à se produire sur scène en direct.
Il est donc primordial que les autorités, les acteurs de l’industrie musicale et les artistes eux-mêmes prennent des mesures pour faciliter cette transition inévitable. Peut-être qu’on devrait commencer par organiser des ateliers de yoga pour détendre nos câbles emmêlés, ou encore des cours de jonglage pour que nos artistes puissent jongler avec les caméras tout en jouant de la guitare. Et pourquoi pas des formations intensives sur les techniques de se produire en public en direct, animées par des experts en panne électrique ? Après tout, l’humour est le meilleur moyen de surmonter les obstacles.
Il est grand temps de faire face à cette vérité qui dérange et de travailler tous ensemble pour créer un environnement propice à la croissance et à la survie de notre scène musicale locale du Woleu Ntem. Car, soyons honnêtes, si on ne peut pas faire de la musique en direct, autant tous se lancer dans une carrière de mime, non ?