Par Serge Abslow
Qui n’a pas vu passer sur son fil d’actualités, ces nombreuses annonces vantant et vendant des « placements » en tout genre ? Ces profils de jeunes filles aux postures souvent aguichantes, ne laissent personne indifférent sur Facebook.
Certains internautes leur font systématiquement une demande d’ami directement sur leurs profils. D’autres, plus discrets, les contactent en « prime time » en Inbox via Messenger. D’autres encore, plus impatients et enthousiastes, n’hésitent pas à franchir les limites du rubicond en les appelant directement via leur info line fournie, pour conclure rapidement leur affaire.
Ces nouvelles SICAV (Sociétés d’Investissements à Capital Variable) du sexe ne manquent pas d’imagination pour vendre mieux et plus leurs produits. Elles proposent des catalogues de jeunes filles aux morphologies diverses, « dans des postures suggestives », qui offrent autant de choix possibles que de goûts disponibles.
En plus de ces catalogues sulfureux, des produits dérivés tels que des vidéos pornographiques, sont vendues en sous-main à des prix défiant toute concurrence, via des intermédiaires véreux et certainement immoraux : des proxénètes. Et pour élargir cette offre sexuelle, les tarifs sont soigneusement étudiés pour intéresser une clientèle diverse et variée de plus en plus nombreuse et de plus en plus exigeante.
La fellation se négocie à partir de 10 000 CFA, un coït vaginal s’arrache à partir de 15 000 CFA et un coït anal se négocie à partir de 25 000 CFA. Pour les clients les plus délurés, une partouze avec un minimum de 2 partenaires est vendue à partir de 50 000 CFA. Mais ces tarifs ne s’entendent qu’avec des jeunes filles normales (« les entrées de gamme »).
Mais le marché numérique du sexe a aussi ses segments luxe et grand luxe, où les tarifs des offres ci-dessus sont doublés et triplés, puisque visant une clientèle fortunée souvent haut perchée dans l’appareil d’état. Ce segment est la chasse gardée des filles dont la beauté plastique est supérieure aux canons de base. Les métisses y tiennent le haut du pavé. Cette économie du sexe qui a su se construire avec une offre abondante et un marché en pleine expansion, est certainement la face cachée des réseaux sociaux, aussi la plus dangereuse.
Mais curieusement, force est de constater une totale absence de régulation et de coercition des pouvoirs publics sur ce problème de mœurs. La brigade des mœurs est totalement invisible sur ce secteur pourtant en forte croissance. Comme si le développement de cette économie sexuelle profitait à tous et à chacun.
S’il est vrai que le chômage, la précarité et les difficultés en tout genre… sont le moteur de croissance de cette économie du charme et de la chair, que de dangers néanmoins encourus pas toutes ces jeunes filles et leurs clients, à travers les MST multiples parmi lesquelles le VIH dont le taux de prévalence, en croissance exponentielle, est devenue endémique ?
Le Gabon doit se ressaisir et protéger sa jeunesse du numérique qui se développe, à défaut d’une économie réelle, des économies alternatives vicieuses et pernicieuse qui portent en elles, des signes de dangerosité.