« Services rendus » : Attention, Oligui Nguema, « C’est le mauvais partage qui avait détruit la famille »

Le décret en question, qui vise à octroyer des « services rendus » à certains militaires de haut rang, a immédiatement fait l’objet de débats houleux. Le principe d’une telle indemnité n’est pas en soi choquant ; les militaires et autres fonctionnaires d’État méritent des récompenses pour leurs années de service et leurs sacrifices. Cependant, ce qui suscite l’indignation est l’ampleur de ces compensations, qui ne sont pas accessibles à tous de manière équitable.

Les critiques pointent la disparité flagrante entre les bénéficiaires de ces indemnités et les autres acteurs de la fonction publique. En effet, alors que les fonctionnaires du secteur public, après des décennies de service, se voient souvent attribuer des pensions de retraite dérisoires, des privilèges d’une autre nature sont réservés à des individus haut placés, simplement en raison de leur statut dans la hiérarchie militaire.

Cette situation met en lumière l’une des faiblesses majeures du gouvernement actuel : une gestion défaillante des finances publiques, où la distribution de fonds reste opaque et inégale. Alors que le pays souffre encore des stigmates des années de gouvernance sous le régime précédent, marquées par la corruption et l’opacité, de telles décisions risquent d’accentuer le fossé entre les différentes couches de la société gabonaise. L’idée d’une armée « unitaire » semble de plus en plus une illusion, au vu des privilèges accordés à certains membres, créant un fossé entre les militaires de rang et les plus hauts gradés.

Mais au-delà de la simple injustice sociale, cette mesure révèle aussi une crise de leadership au sein de la transition. En effet, un tel décret divise la population et met en péril l’unité de la nation. Comment demander à la population de se rallier derrière un régime qui semble accorder plus de bénéfices à une élite que de justice à la majorité des Gabonais ? Les tensions s’aggravent, et la stabilité du pays pourrait en souffrir.

Le fait que cette décision intervienne après des promesses de justice sociale et de réconciliation nationale n’aide en rien à apaiser les inquiétudes. Beaucoup de citoyens se sentent trahis par un gouvernement censé incarner une nouvelle ère, mais qui semble continuer à privilégier des logiques anciennes, basées sur des accords de personnes et de groupes d’intérêts.

Le décret sur les « services rendus » révèle une crise de gouvernance et d’équité. Pour préserver l’unité nationale et assurer une transition réussie, le président Oligui Nguema doit instaurer une gestion équitable et transparente des ressources publiques. Une justice inclusive est indispensable pour bâtir un avenir stable et éviter de creuser davantage les fractures sociales.

Toutefois, il convient de reconnaître et de saluer les efforts du président Oligui Nguema, qui a su redonner espoir à une nation longtemps marquée par le désenchantement. Sous son leadership, des avancées notables ont été réalisées dans plusieurs secteurs, ravivant la foi en un avenir meilleur pour le Gabon. Mais ces espoirs risquent de s’éteindre si des ajustements ne sont pas faits dans sa manière de gouverner. Comme le dit si bien un proverbe de chez nous : « C’est le mauvais partage qui avait détruit la famille. » En favorisant l’équité et l’inclusion, le président pourrait consolider ces acquis et préserver la cohésion nationale, essentielle pour bâtir un Gabon uni et prospère.

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