Dans l’univers médiatique gabonais, un phénomène inquiétant gangrène la profession : le mercenariat dans la presse. Des individus sans scrupules, se présentant comme journalistes ou directeurs de publication, écument les conférences de presse et autres événements publics pour soutirer de l’argent aux organisateurs en échange d’une couverture médiatique souvent fictive. Ces pseudo-journalistes n’hésitent pas à s’introduire sans invitation dans des manifestations, après avoir glané de vagues informations sur les réseaux sociaux, dans l’unique but d’escroquer des acteurs publics et privés.
Ces imposteurs, souvent non reconnus par la Haute Autorité de la Communication (HAC), se livrent à des pratiques frauduleuses, en dépit des exigences strictes de cette institution régulatrice. Non seulement ils n’ont pas les qualifications requises pour exercer ce métier noble, mais leurs médias eux-mêmes opèrent en dehors des cadres légaux. Absence de siège, inexistence de matériel de travail comme des ordinateurs, et surtout, incapacité à rédiger des articles crédibles, voilà la triste réalité de ces mercenaires de la presse. Et on ne sait par quel stratagème beaucoup d’entre eux sont parvenus à obtenir la carte de presse professionnelle délivrée par le ministère de la Communication, un sésame pourtant difficile à obtenir, nécessitant de remplir des critères sérieux pour filtrer ces mauvaises graines, tels qu’avoir un diplôme supérieur en communication ou avoir exercé de façon continue pendant un certain nombre d’années dans une rédaction, et que cette activité vous ait servi de moyen de subsistance. C’est à ce niveau que l’on peut accuser le ministère de la Communication de laxisme, voire de favoritisme, lorsqu’on voit des individus sans qualifications et ne le méritant pas obtenir des cartes de presse, et parfois même se retrouver à la tête d’associations de journalistes. Une véritable aberration!
C’est lors de ce type d’événements, tels que des déclarations, des points ou des conférences de presse, que l’on voit ces mercenaires se faire passer pour des journalistes ou directeurs de publication, dans le but d’extorquer de l’argent aux organisateurs en échange d’une prétendue couverture médiatique, qui bien souvent, n’a jamais lieu.
L’exemple récent de la conférence de presse de Bertrand Zibi à la Chambre de Commerce, où plusieurs de ces escrocs ont perçu de l’argent sans fournir le moindre article, est révélateur de l’ampleur de cette mafia. Rhonny Placide, coordonnateur de l’événement, a exprimé son indignation face à cette arnaque : « Il faut absolument stopper cette mafia au sein de notre corporation. Je vais porter plainte contre ces individus, dont je citerai bientôt les noms. Il est impératif de les arrêter. Quand ils commenceront à être traduits en justice, ce phénomène cessera. »
Il est crucial de dénoncer cette dérive qui salit toute la corporation des médias. Les véritables journalistes, ceux qui respectent les règles de déontologie et les lois en vigueur, se voient discrédités par les agissements de ces fraudeurs. Le public, quant à lui, est trompé par des informations biaisées ou inexistantes, tandis que les organisateurs d’événements sont victimes d’escroqueries qui ternissent la relation de confiance avec les médias.
D’un point de vue juridique, ces mercenaires de la presse s’exposent à de lourdes sanctions. D’abord, l’usurpation de fonction est un délit grave au Gabon, passible de poursuites pénales. Ensuite, l’escroquerie et l’extorsion, que ces individus pratiquent sous couvert d’activité journalistique, sont également réprimées par la loi. Ces actes peuvent entraîner des peines de prison ferme, des amendes substantielles, voire la fermeture définitive des structures médiatiques illégales. De plus, les victimes de ces escroqueries peuvent saisir les tribunaux pour obtenir réparation des préjudices subis.
Il faut absolument faire le ménage dans cette profession si cruciale pour la démocratie. Les autorités compétentes, en particulier la HAC, doivent intensifier les contrôles et sanctions pour écarter ces éléments nuisibles. Quant aux professionnels de la presse, ils se doivent de protéger leur corporation en dénonçant systématiquement ces pratiques frauduleuses et en soutenant les efforts visant à restaurer l’intégrité et la crédibilité du métier de journaliste au Gabon.