Depuis le début du mois de septembre, le Cameroun est en proie à un silence préoccupant concernant son président, Paul Biya, dont l’absence prolongée suscite des rumeurs alarmantes sur son état de santé. Âgé de 91 ans, le chef de l’État n’a pas assisté à des événements majeurs, tels que la 79e Assemblée générale des Nations unies à New York ou le sommet de l’Organisation internationale de la francophonie en France. Cette situation soulève des spéculations, jusqu’à évoquer la possibilité d’une mort cachée.
Pour contrer cette vague de rumeurs, le gouvernement a tenté de museler le débat public. Le ministère de l’Administration territoriale a même menacé de poursuites judiciaires quiconque aborderait le sujet dans les médias. Un paradoxe frappant émerge alors : alors que les voix critiques, activistes et journalistes, se sont multipliées lors des crises politiques de pays voisins, leur silence est aujourd’hui assourdissant face à l’incertitude qui entoure leur propre président.
Quelles ironies ! Les mêmes qui ont bruyamment commenté le décès d’Omar Bongo à Barcelone ou l’AVC d’Ali Bongo à Riyad semblent s’être muets. Ils se sont précipités pour critiquer le Gabon à chaque occasion, inondant les réseaux sociaux de propos désobligeants envers le peuple gabonais. Aujourd’hui, alors que la succession du « père du continent » est au point mort, l’absence de réaction du peuple camerounais est frappante.
Il est temps de questionner cette absence de voix. Où sont les commentaires sur l’état de santé de Paul Biya ? Où sont les discussions sur les conséquences de son éventuelle disparition sur la politique camerounaise ? Ce silence témoigne d’un paradoxe troublant : ceux qui n’hésitent pas à dénoncer les poltrons des autres se sont eux-mêmes tus face à l’incertitude qui entoure leur propre leader.
Le peuple camerounais mérite de s’exprimer. Ce mutisme n’est pas seulement le signe d’une soumission, mais aussi d’une inquiétude palpable face à un avenir politique incertain. Il est crucial que la voix du Cameroun s’élève, que les citoyens exigent des réponses et que le gouvernement rende des comptes sur la situation de son président. Le temps du silence est révolu. Le peuple a besoin de savoir.