Affaire Sydney Moussavou Kouma : Me Paulette Oyane-Ondo dénonce la répression d’une jeunesse manipulée

L’interpellation de Sydney Moussavou Kouma, un jeune Gabonais de moins de 20 ans, par la Direction Générale des Recherches (DGR) le 24 septembre 2024, suscite une vive controverse. Ce dernier a été arrêté après avoir diffusé une vidéo sur les réseaux sociaux, dans laquelle il se frotte le postérieur avec un tee-shirt portant l’effigie du Président de la Transition. Considéré comme une atteinte à la dignité de la première institution du pays, ce geste a rapidement provoqué une réaction des autorités. Sydney, actuellement en détention en attente de présentation au procureur, a exprimé ses regrets en garde à vue, expliquant qu’il cherchait avant tout de la visibilité sur les réseaux sociaux.

Cet incident relance une question essentielle : qui est vraiment responsable de ces comportements? Selon Me Paulette Oyane-Ondo, avocate de renom et défenseure des droits humains, cette affaire ne peut être réduite à l’acte isolé d’un jeune. Elle dénonce un problème structurel beaucoup plus profond. Pour elle, Sydney Moussavou Kouma est avant tout le produit d’un système défaillant qui a, pendant des années, encouragé et légitimé des comportements violents et irrespectueux.

Me Oyane-Ondo, qui a consacré une grande partie de sa carrière à la lutte pour la justice sociale et les droits humains au Gabon, ne mâche pas ses mots. Elle rappelle que la jeunesse gabonaise est le reflet de la classe politique qui, pendant des décennies, a normalisé l’insulte, l’intimidation et la violence dans le champ politique. Selon elle, ce sont ces mêmes leaders qui ont appris à la jeunesse à insulter, à perturber les meetings des adversaires politiques, à couper les routes et à harceler ceux qui expriment des opinions divergentes. Sydney Moussavou Kouma, loin d’être un cas isolé, est donc le produit de cette culture politique toxique.

La réponse des autorités, avec l’arrestation immédiate de Sydney, montre une volonté de réprimer sévèrement ce type de comportement. Cependant, Me Oyane-Ondo met en garde contre cette approche punitive. Elle affirme que sévir contre ces jeunes ne fera que les enfoncer davantage. Selon elle, plus on réprime, plus on les détruit. Cette répression brutale, sans remise en question des causes profondes du problème, risque de perpétuer un cycle de violence et de ressentiment au sein de la jeunesse.

Insupportable : les image du jeune Sydney Moussavou Kouma se frottant le postérieur avec un tee-shirt portant l’effigie du Président de la Transition

Il est urgent que la classe politique reconnaisse sa part de responsabilité dans la formation de cette génération. Plutôt que de se contenter de punir, il est essentiel de repenser un système qui inculque à la jeunesse des valeurs de respect, de civisme et de dialogue. Il ne s’agit plus simplement de condamner les actes d’un individu, mais de s’attaquer à un système qui, depuis des années, tolère, voire encourage, la violence comme mode d’expression politique.

Le cas de Sydney Moussavou Kouma doit être vu comme un signal d’alarme. À l’ère des réseaux sociaux, où les jeunes recherchent à tout prix la visibilité, les institutions doivent adapter leur manière de répondre à ces dérives. Pourtant, punir un jeune sans s’interroger sur les racines de son comportement serait une grave erreur. Comme l’a souligné Me Oyane-Ondo, il est temps que la classe politique cesse d’alimenter les comportements destructeurs et travaille plutôt à la construction d’une société où les jeunes sont encouragés à s’exprimer de manière responsable et constructive.

Il est trop facile de se décharger de toute responsabilité en jetant la faute sur un jeune de 20 ans. La véritable responsabilité incombe à ceux qui, pendant des décennies, ont fait de la violence un outil de pouvoir et d’intimidation. Il est temps de mettre fin à ce cycle et de reconstruire un système où le respect des institutions et le dialogue d’idées priment sur la violence et l’intimidation.

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