Le récent sommet Chine-Afrique, qui s’est tenu à Pékin du 4 au 6 septembre, a donné lieu à une vague de promesses économiques pour le Gabon, avec des accords atteignant la somme vertigineuse de 4 milliards de dollars. Une coopération qui, à première vue, semble augurer des jours meilleurs pour le pays, avec la construction d’infrastructures vitales comme un chemin de fer reliant l’est au sud-ouest, un port en eau profonde à Mayumba, et un barrage hydroélectrique à Boué. Mais derrière cet éclat, une question brûlante se pose : ces accords représentent-ils réellement une aubaine ou une nouvelle corde autour du cou de notre économie ?
Le Gabon, déjà étranglé par une dette extérieure préoccupante, a certes pris soin de débourser 13 milliards de francs CFA pour réduire une partie de son ardoise envers la Chine avant même de poser le pied à Pékin. Toutefois, cette précaution suffira-t-elle à prévenir une future dépendance économique encore plus lourde envers l’Empire du Milieu ? Le vice-Premier ministre, Alexandre Barro Chambrier, se veut rassurant : « Nous avons à cœur d’avoir un endettement compatible avec nos capacités ». Mais combien de fois avons-nous entendu cette promesse ? Et à quel prix sont consenties ces « capacités » ?
Certes, la perspective d’un chemin de fer capable de transporter des millions de tonnes de ressources naturelles, et d’un barrage hydroélectrique d’une puissance de 400 à 600 MW, paraît séduisante. Mais en réalité, ce sont nos matières premières, notre fer, notre manganèse, qui seront extraits à grande échelle, accélérant une exploitation déjà féroce. Au lieu d’un partenariat équilibré, on pourrait se demander si nous n’assistons pas plutôt à la mise en place d’un système où la Chine s’assure le contrôle des richesses naturelles du Gabon pour des décennies.
À quand une véritable réflexion sur une collaboration qui profite d’abord aux Gabonais, sans alourdir encore plus notre dette et sans offrir nos ressources sur un plateau d’argent ? Alors que les négociateurs célèbrent ce qu’ils considèrent comme un succès, il est crucial de rappeler que le développement ne se mesure pas uniquement à l’aune de grands projets, mais à la manière dont ceux-ci impactent directement la vie des citoyens. Si ces milliards de dollars ne sont que les prémices d’une dépendance renforcée, le coût réel de ces accords pourrait bien être la souveraineté économique du Gabon.