Chaos institutionnel: La course désordonnée vers le référendum gabonais


 Alors que le Gabon se prépare à un moment crucial de son histoire avec l’introduction d’une nouvelle constitution, un spectacle désolant se déroule sous les yeux de la nation. Depuis plus de deux mois, des personnalités de haut rang, censées
incarner l’ordre et la légalité, se livrent à une campagne désorganisée et anti-démocratique pour le « Oui » à la nouvelle constitution, bien avant l’ouverture officielle de la campagne. Le chaos qui en résulte, nourri par des partisans en quête de pouvoir et d’influence, menace de saper la transition et de jeter le discrédit sur les intentions du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI).


 Depuis plus de deux mois, le Gabon est le théâtre d’un désordre orchestré par certains collaborateurs proches du président de la transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema. Sans attendre l’ouverture officielle de la campagne référendaire, ces individus ont lancé une offensive en faveur du « Oui » à la nouvelle constitution, bafouant ainsi les règles de la démocratie. Pendant ce temps, les partisans du « Non », sans disposer des mêmes moyens, tentent tant bien que mal de faire entendre leur voix, ajoutant encore plus à la confusion ambiante.

Voici un panneau publicitaire promouvant le « Oui ». Les partisans du « Oui », composés principalement des proches collaborateurs du Chef de l’État, n’ont ménagé aucun effort. On constate ainsi un désordre étatique à son paroxysme.

Ce chaos ne semble déranger ni le chef de l’État ni les autorités en charge de faire respecter la loi. Le silence assourdissant de ceux qui devraient garantir une transition ordonnée alimente les doutes sur les réelles intentions du CTRI. Le général Oligui, qui avait promis un changement de paradigme, semble laisser s’installer les mêmes dérives qui ont plongé le pays dans la crise.

Images de la cérémonie de remise du projet de la future constitution au président de la transition

Aujourd’hui, les Gabonais sont épuisés par cette cacophonie. La population, qui attendait un processus transparent et inclusif, est confrontée à un dilemme : voter « Oui » ou « Non » sans avoir eu accès au contenu de ce projet de constitution. Les Gabonais, matures et désireux d’un véritable changement, méritent mieux que cette mascarade.

Ce samedi 31 août, la remise du projet de la future constitution au président de la transition lors d’une cérémonie officielle au palais présidentiel aurait pu marquer la fin de ce triste épisode. Mais cela n’a fait qu’officialiser une situation déjà déplorable. La ministre chargée de la Réforme des institutions, Murielle Minkoué, a présenté un résumé des principaux changements prévus par la nouvelle loi fondamentale, qui sera soumise à référendum avant la fin de l’année 2024. Mais une question demeure : pourquoi cette précipitation dans la campagne alors que les Gabonais n’ont même pas encore eu le texte entre leurs mains ?

La promotion du « Oui » ou du « Non » ne peut se faire de manière équitable que si tous les citoyens sont informés et comprennent les enjeux de ce référendum. Les autorités doivent maintenant prendre leurs responsabilités et s’assurer que le projet de constitution soit mis à la disposition de tous. Sans cela, la campagne risque de continuer sur la voie du désordre, sapant davantage la crédibilité de la transition.


 Alors que la campagne pour la nouvelle constitution se profile, il est impératif que les autorités rectifient le tir. Le Gabon mérite une campagne digne, transparente et respectueuse des principes démocratiques. Le chaos observé jusqu’à présent ne doit pas devenir la norme. Si le Général Oligui et son équipe veulent réellement un changement de paradigme, ils doivent commencer par remettre de l’ordre dans leurs rangs et garantir que la constitution appartienne à tous les Gabonais, et non à une élite avide de pouvoir.

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