La justice gabonaise se trouve une fois de plus sous les feux des projecteurs, mais cette fois, pour des raisons qui mettent en doute la crédibilité et l’efficacité de ses institutions. En effet, l’affaire Siadou Rapomo Erwan-Bradin et Nunamo Christ-Anderson, deux jeunes de 16 et 17 ans accusés de viol et de meurtre sur Mme Ngoa Michaelle Dorothée en août 2023, prend une tournure scandaleuse. Initialement incarcérés à la prison centrale de Libreville, les deux prévenus avaient bénéficié, dans un silence quasi absolu, d’une mesure de liberté provisoire le 22 décembre 2023. Ce n’est qu’à la suite d’une véritable levée de boucliers sur les réseaux sociaux que le ministère de la Justice a enfin décidé d’intervenir.
L’épisode révèle non seulement la faiblesse des mécanismes de surveillance au sein de la justice gabonaise, mais aussi la manière dont les autorités peuvent être bousculées par la pression publique en période de transition, où elles sont censées restaurer la confiance des citoyens dans les institutions. Il est stupéfiant de constater que le ministre de la Justice, gardien des sceaux, ait été informé de cette situation inacceptable uniquement par le biais des réseaux sociaux. Comment une décision d’une telle gravité, impliquant des criminels accusés de faits aussi abjects, a-t-elle pu passer sous le radar des plus hautes autorités judiciaires jusqu’à ce que l’indignation populaire les force à réagir ?
Face à ce scandale, le ministre a immédiatement ordonné l’arrestation et la réincarcération des deux accusés. En outre, il a ordonné une enquête pour identifier les responsables de cette libération inexplicable et promet des sanctions exemplaires. Cette décision souligne que les autorités ne peuvent tolérer que de tels criminels soient laissés en liberté, surtout en période de transition où l’intégrité des institutions doit être restaurée.
L’indignation publique a également permis de soulever un autre point crucial : la fuite en France de l’un des deux accusés. La question de son rapatriement pour qu’il soit jugé pour ses crimes en terre gabonaise est désormais posée. Les autorités doivent démontrer qu’aucun criminel, quel que soit son âge, ne peut échapper à la justice, et que les pressions extérieures, y compris celles des citoyens sur les réseaux sociaux, ne devraient pas être le moteur principal des actions gouvernementales.
En conclusion, cette affaire démontre une fois de plus l’importance de la vigilance citoyenne et la nécessité pour les autorités en place de ne pas faillir à leur mission de justice, particulièrement en ces temps de transition où le Gabon cherche à restaurer l’honneur et la dignité de ses institutions. La confiance du peuple ne sera restaurée qu’à travers des actions concrètes, rigoureuses et transparentes.