Alors que le Gabon traverse une période de transition politique sous la direction du président Brice Clotaire Oligui Nguema, une inquiétante résurgence du culte de la personnalité se dessine. Cette pratique, qui avait marqué l’ère dictatoriale de la famille Bongo durant plus d’un demi-siècle, semble renaître de ses cendres avec une ferveur renouvelée. Des centaines d’associations émergent, dédiées à chanter les louanges du nouvel homme fort du Gabon, et le nom du président est attribué aux nouveau-nés et même aux établissements commerciaux. Chaque retour de voyage international du président est accueilli par des foules acclamant, souvent rémunérées à hauteur de 5000 FCFA par personne pour gonfler les rangs des applaudisseurs.
Cette vénération coûteuse et orchestrée n’est pas seulement un gaspillage des ressources publiques ; elle est un frein à la démocratie et au développement socio-économique du pays. L’argent ainsi dilapidé pourrait être utilisé de manière bien plus constructive pour répondre aux besoins essentiels de la population gabonaise, tels que l’amélioration des infrastructures, de l’éducation et des soins de santé.
À l’opposé, certains dirigeants africains montrent la voie vers une gouvernance plus sobre et respectueuse des fonds publics. Au Sénégal, le président Basirou Dioumaï a mis fin à la traditionnelle mobilisation des hautes autorités pour l’accueillir à chaque retour de voyage. Désormais, les protocoles et honneurs ne sont observés qu’au moment du départ, évitant ainsi que les autorités civiles et militaires ne perdent inutilement du temps et des ressources.
Plus d’un millier de personnes transportées et payées pour venir simplement applaudir le président Oligui à son retour de la France . Quel gaspillage d’argent !
Au Bénin, le président a également pris des mesures audacieuses pour interdire les manifestations publiques destinées à encenser les dirigeants politiques. Les louanges et soutiens doivent désormais se limiter à la sphère privée, mettant un terme à l’exploitation de l’image des élus pour des manifestations de rue. Cette interdiction vise à déconstruire l’image d’un président-dieu et à promouvoir une culture politique plus saine où les dirigeants sont redevables à leurs électeurs plutôt qu’idolâtrés.
Le président Oligui Nguema serait bien avisé de suivre ces exemples de leadership éclairé. En réprimant le culte de la personnalité, il pourrait non seulement se conformer à l’idéologie de restauration qui a justifié son accession au pouvoir, mais aussi renforcer la démocratie et l’efficacité gouvernementale au Gabon. En mettant fin à ces pratiques coûteuses et en se concentrant sur des réformes structurelles, il montrerait qu’il est un président au service de son peuple et non un dieu intouchable.