Le Premier ministre gabonais, Raymond Ndong Sima, a récemment agité les fondations de l’éducation et de la formation professionnelle lors des Assises nationales des métiers au Centre International Multisectoriel de Formation et d’Enseignement Professionnel (CIMFEP). Son discours poignant et incisif a mis en lumière des défis cruciaux : un système éducatif déconnecté du marché du travail, une valorisation insuffisante des métiers manuels, et une participation inadéquate du secteur privé dans la formation professionnelle.
Raymond Ndong Sima n’a pas mâché ses mots en décrivant la transformation historique de l’éducation gabonaise. Autrefois, l’apprentissage se faisait sur le terrain, en contact direct avec les réalités pratiques des métiers manuels, comme l’agriculture. Aujourd’hui, l’accent est mis sur l’obtention de diplômes académiques, souvent déconnectés des compétences nécessaires pour intégrer le marché du travail. Cette évolution a créé un fossé inquiétant : les jeunes accumulent des diplômes, mais peinent à trouver un emploi en raison de l’absence de compétences pratiques.
Le Premier ministre a également critiqué la dévalorisation sociale des métiers manuels et professionnels, dénonçant la condescendance avec laquelle ces professions sont perçues. Cette attitude a conduit à un taux de chômage élevé parmi les jeunes diplômés, qui se retrouvent avec des qualifications académiques insuffisantes pour répondre aux besoins spécifiques du marché du travail. Le mépris pour les compétences pratiques est non seulement injuste, mais aussi économiquement désastreux.
Ci-dessous : Le Premier ministre gabonais, Raymond Ndong Sima, lors des Assises nationales des métiers au Centre International Multisectoriel de Formation et d’Enseignement Professionnel (CIMFEP)
Une part significative du discours de Ndong Sima était consacrée à la responsabilité partagée et au rôle crucial du secteur privé. Il a pointé du doigt l’ironie des plaintes des employeurs concernant le manque de compétences adéquates chez les diplômés, tout en soulignant leur manque de participation dans la définition et la mise en œuvre des programmes de formation. La solution, selon le Premier ministre, réside dans une collaboration étroite entre le gouvernement, les institutions éducatives et le secteur privé pour créer des curriculums en adéquation avec les besoins réels du marché.
Pour répondre à cette crise, Ndong Sima a appelé à un retour aux fondamentaux de l’éducation : préparer les jeunes à devenir autonomes et productifs. Il a insisté sur l’urgence d’intégrer davantage de formations pratiques et d’apprentissages directement liés aux besoins économiques du pays. Ce retour aux sources est essentiel pour combler le fossé entre l’éducation et l’emploi et pour réduire le chômage.
Le discours du Premier ministre a été un appel vibrant à l’action collective. Il a exhorté tous les acteurs – parents, enseignants, étudiants, et surtout les employeurs – à prendre leurs responsabilités pour assurer une transition efficace des jeunes vers le monde du travail. Cette prise de conscience et cette volonté de changement sont cruciales pour transformer la formation professionnelle au Gabon et réduire le chômage.
En somme, le discours de Raymond Ndong Sima marque un tournant potentiel dans la politique éducative du Gabon. Il appelle à une révolution éducative où les travailleurs compétents et valorisés ne seront plus l’exception, mais la norme. Il est temps que le Gabon redéfinisse ses priorités éducatives pour créer une génération capable de répondre aux défis économiques actuels et futurs. La balle est désormais dans le camp de chaque acteur de la société gabonaise pour saisir cette opportunité de changement.