Dans un Gabon meurtri par des décennies de malversation et de désespoir, le récit ne semble pas changer. Les espoirs suscités par l’avènement d’Oligui Nguema à la présidence de transition s’effritent face à une réalité implacable : l’impunité persistante de l’escroquerie étatique.
Le récent communiqué du ministre du Budget et des Comptes Publics, relayé par l’agent comptable des grandes écoles, dépeint une image insoutenable de l’injustice qui règne au cœur des institutions gabonaises. Pendant que les chômeurs gabonais et leurs familles croupissent dans la misère, contraints à une existence précaire, l’État demande à ces mêmes individus de sacrifier jusqu’à leur dernier sou pour tenter d’accéder à un emploi.
Le prix exorbitant des frais d’inscription aux concours d’entrée aux écoles étatique est une insulte à la dignité humaine. Vingt-à vingt-cinq mille francs CFA, une somme qui dépasse de loin les moyens de la majorité des citoyens gabonais, est exigée pour participer à un processus de sélection où seuls quelques privilégiés auront la chance d’être retenus.
Le scandale ne s’arrête pas là. Alors que l’État engrange des sommes colossales grâce à ces paiements, il est incapable d’assumer ses responsabilités les plus élémentaires. Les professeurs chargés de corriger les épreuves se retrouvent impayés, victimes d’un système corrompu et inique qui s’enrichit sur le dos des plus vulnérables. À titre d’exemple, les correcteurs des examens du concours de l’ENAM et de l’INJS ne sont toujours pas payés trois mois après avoir effectué leur tâche. Où est parti l’argent engrangé lors des inscriptions à ces deux concours ?
L’ironie de la situation réside dans la promesse trahie de la présidence de transition. Oligui Nguema, porté au pouvoir avec l’espoir de restaurer l’intégrité des institutions et de garantir les droits fondamentaux des Gabonais, semble demeurer impuissant face à la continuité de la malversation. Les aspirations légitimes à une vie meilleure, à un travail décent et à une gouvernance juste sont foulées aux pieds par un régime qui semble se perpétuer dans l’ombre du passé sombre du despote Ali Bongo.
Il est temps pour Oligui Nguema de répondre à l’appel de son peuple. Les Gabonais ne demandent pas des promesses vides ou des discours creux, mais des actions concrètes pour mettre fin à cette spirale de corruption et d’injustice. L’heure n’est plus aux excuses ni aux tergiversations, mais à la véritable action en faveur du peuple gabonais qui a tant souffert et qui mérite enfin un avenir digne de ce nom.