Gabon / La dérive de la (SNI) : quand le social devient une affaire de profits exorbitants

Dans le paysage de l’immobilier gabonais, la Société Nationale Immobilière (SNI) était autrefois perçue comme une entité dédiée à la réalisation d’un objectif noble : fournir des logements abordables pour tous. Cependant, au fil des années, cette mission sociale s’est érodée au profit d’une quête effrénée de profits, laissant de nombreux Gabonais exclus du rêve de propriété.

À l’époque des pionniers de l’indépendance, sous la direction du président Léon Mba, le Gabon s’est engagé dans une politique ambitieuse d’habitat, construisant des cités pour les fonctionnaires de toutes les catégories. Cette vision a été poursuivie par son successeur, Omar Bongo, à travers la SNI, qui proposait des maisons accessibles aux cadres moyens via un système de location-vente.

Cependant, au fil du temps, la SNI a perdu de vue sa mission initiale, se transformant progressivement en une entreprise axée sur les bénéfices. Les prix des logements ont atteint des sommets inaccessibles pour la majorité des Gabonais, avec des prix oscillants entre 35 et plus de 40 millions de francs, excluant ainsi toute une frange de la population.

Face à cette fracture sociale grandissante, les nouvelles autorités de la transition ont pris les choses en main, exigeant de la SNI une révision à la baisse des prix de ses logements. Cette décision courageuse vise à rétablir un semblant d’équité dans l’accès au logement pour tous les citoyens gabonais.

Pour acquérir ce type d’appartement, il faut débourser entre 35 et plus de 40 millions, des prix inaccessibles pour plus de 80% des Gabonais. Où est donc l’aspect social dans les missions dévolues à la SNI ?

Heureusement, toutes les entreprises ne se sont pas éloignées de l’idéal social du logement. Des exemples édifiants émergent à travers le pays : la BICIG a offert des habitations en location-vente à ses agents, tandis que des sociétés offshores ont construit des cités dont les maisons sont revenues à leurs anciens employés.

Plus encore, des acteurs comme la société COMILOG ont fait don de plus de 2000 logements en cours de répartition à la population de Moanda, tandis qu’Olam a entrepris la construction de cités dans ses exploitations à travers le pays, offrant ainsi un logement décent à ses salariés.

Ces initiatives, inspirées par des succès observés ailleurs, prouvent qu’il est possible d’allier rentabilité économique et responsabilité sociale en matière de logement. La stratégie consistant à inciter les entreprises à loger leurs employés a fait ses preuves en Afrique de l’Ouest et mérite d’être pérennisée au Gabon.

Il est temps pour le nouveau chef de l’État de s’inspirer de ces exemples vertueux et de revoir en profondeur la politique de l’habitat au Gabon. Il ne s’agit pas seulement de fournir des toits aux Gabonais, mais de restaurer la justice sociale et de donner à chacun la possibilité de réaliser le rêve légitime de posséder un chez-soi. La voie à suivre est claire : il est grand temps de redonner à la SNI sa vocation première de service social, au service du peuple gabonais.

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