La récente modification des critères pour l’octroi des bourses scolaires au Gabon a suscité une vive controverse, mettant en lumière les tensions entre l’exigence d’excellence académique et la nécessité de prendre en compte les réalités sociales des étudiants. Les autorités, dans le but d’élever le niveau éducatif du pays, ont fixé des seuils de réussite moyenne, déclenchant des protestations de la part d’élèves et de parents, qui estiment que les conditions d’apprentissage précaires ne permettent pas d’exiger l’excellence. Face à ce débat animé, l’ex-ministre Mathias Otounga Ossibadjouo , lui-même ancien bénéficiaire d’une bourse modeste, a exprimé son point de vue singulier. Proposant de « couper la poire en deux », il suggère une approche équilibrée en allouant une partie de la bourse pour le soutien à la vie courante et l’autre pour récompenser l’excellence académique.
M. Otounga, partageant son propre vécu, a rappelé l’impact crucial de la bourse sur son éducation. « Dans mon enfance, j’ai appris avec un condisciple très intelligent mais de condition plus que modeste. Sa bourse de 2 500 FCFA permettait à sa famille de joindre les deux bouts. Sans la bourse, il n’aurait jamais tenu », a-t-il déclaré.
L’ancien ministre souligne le risque d’abandonner des élèves talentueux mais défavorisés en excluant systématiquement ceux qui n’atteignent pas les scores requis. « En excluant systématiquement les élèves ayant obtenu moins de 12, on vise l’excellence en abandonnant au bord de la route certains élèves pour qui la petite bourse pouvait constituer une bouée de sauvetage », a-t-il ajouté.
Sa proposition consiste à diviser la bourse en deux parties distinctes. Une partie serait destinée au soutien à la vie courante, assurant ainsi que les élèves issus de milieux précaires puissent poursuivre leur éducation sans être accablés par des difficultés financières. L’autre partie serait réservée à la récompense de l’excellence académique, encourageant ainsi les étudiants à exceller dans leurs études.
M. Otounga a également rappelé une pratique de son époque, où la bourse était accordée à tous au premier trimestre, mais le maintien de cette aide dépendait des résultats obtenus au fil des trimestres suivants.
La proposition de Mathias Otounga offre une perspective humaine à un débat souvent dominé par des considérations académiques, mettant en évidence la nécessité d’équilibrer les exigences académiques avec la réalité sociale des étudiants gabonais. Alors que les manifestations se profilent à l’horizon, il reste à voir si cette proposition trouvera écho au sein des autorités éducatives et des décideurs politiques.