Interview exclusive : Bung Pinze partage ses émotions, ses attentes envers le nouveau Président et les défis du Gabon à venir.

Dans cette interview exclusive, nous donnons la parole à Bung Pinze, une figure marquante de l’opposition au régime des Bongo au Gabon. Après huit ans d’exil forcé, il partage ses réflexions sur la nouvelle ère politique que traverse le pays depuis le renversement du régime. Bung Pinze évoque ses sentiments, ses attentes vis-à-vis du nouveau président, et les défis auxquels le Gabon est confronté .

Bung Pinze avec le président de la transition , lors du séjour de travail de ce dernier au Congo .

Bonjour Bung Pinze. Le Gabon traverse une nouvelle ère politique. Le régime des Bongo que tu combattais et qui t’a poussé à l’exil forcé est tombé. Comment te sens-tu aujourd’hui ?

Bonjour très cher compatriote, je ne peux me sentir qu’aise dans la mesure où nous sommes sur la même longueur d’onde, puisque notre souhait était de mettre Bongo PDG hors d’état de nuire. Vu tout le mal qu’ils ont fait au pays, après 8 ans d’exil, c’est une satisfaction.

C’est l’euphorie totale au Gabon depuis le coup d’État de Brice Oligui Nguema. Beaucoup de choses ont été faites, notamment la saisie de près d’une dizaine de milliards de francs CFA ainsi que des centaines de véhicules dans les différents domiciles de quelques collaborateurs du chef d’État déchu. Un millier de postes budgétaires ont été ouverts et mis à la disposition des chômeurs, la bourse des élèves du secondaire a été rétablie, et les frais d’inscription interdites. Oligui est ainsi considéré comme le sauveur, celui qui a libéré le peuple gabonais. Partages-tu le même avis, crois-tu qu’il ira jusqu’au bout de tout ce qu’il a promis ?

Aller jusqu’au bout n’est pas facile, c’est quand même un pouvoir qui a tout remis à zéro. Mais la volonté y est, c’est visible avec les efforts que vous-mêmes  venez d’énumérer, et pour être plus sincère, je crois qu’il ne pourra pas tout faire. Voilà pourquoi nous n’allons pas arrêter de dénoncer et de proposer, car se taire n’est pas la solution. N’oublions pas que c’est quand même 60 ans de misère. Mais je lui accorde le bénéfice du doute. N’oublions pas que c’est notre victoire à nous tous.

En visite de travail au Congo, les images des accolades chaleureuses entre toi et le nouveau président ont fait le buzz sur la toile et semblaient indiquer que vous vous connaissiez avant cette occasion. Est-ce cela ?

Oui, on se connaît. Avant tout, c’est un grand frère qui a beaucoup œuvré dans la promotion de notre culture mais il est toujours resté dans l’ombre. Il a soutenu beaucoup d’artistes dont je préfère taire le nom. Pour preuve, lui-même l’a dit devant ses collaborateurs.

Quel a été le contenu de vos échanges ?

Comme il le fait avec tout le monde, il m’a écouté et attend mon retour au pays. Je lui ai expliqué la misère que j’ai vécue durant ces 8 ans.

Oligui Nguema a lancé un appel pour le retour des exilés politiques au pays tout en leur garantissant la sécurité, mais cet appel ne semble pas avoir été compris, puisque jusqu’à présent personne ne rentre. Toi qui es en exil depuis près de dix ans, comment peux-tu expliquer cela ?

C’est normal que les gens hésitent à rentrer quand on a tout perdu, et qu’on a été abandonné par certains membres de la famille qui ne croient pas en toi. On se pose la question de comment redémarrer sa vie. Donc, il est difficile de repartir sans repères. Pour ça, je me remets à la sagesse du président de transition. Parce que je pense qu’il est bien placé pour nous comprendre. Mais laissez-moi vous dire qu’à moi seul, je suis un réfugié et un exilé en même temps.

À quand ton retour ?

Mon retour est entre les mains des autorités gabonaises. C’est eux qui délivrent les passeports.

Bung Pinze dans son exil au Congo .

As-tu déjà une idée de ce que tu vas faire dans la vie une fois de retour au Gabon ? Vas-tu continuer avec la musique ?

Quand on a un certain âge, on sait ce qu’on veut faire dans la vie. Je me suis battu pour mon Gabon, je suis au service de mon Gabon. La musique coule dans mes veines, je n’ai jamais arrêté la musique, même dans mes heures perdues.

Comme mot de la fin, si tu peux lancer un message à l’endroit du peuple gabonais puis aux nouveaux dirigeants du Gabon ?

Je sais qu’on sort de très loin, je pense que le président gagnerait beaucoup à écouter la société civile et les activistes, car pour moi, les politiques ont échoué. Dieu protège le Gabon, je suis impatient de retrouver mon pays, ma famille, mes amis, et toutes les personnes qui me sont chères.

Alors que le Gabon entre dans une nouvelle ère politique, Bung Pinze incarne l’espoir et l’aspiration au changement. Sa vision et son engagement envers son pays sont palpables, et sa réserve prudente envers les promesses du nouveau président reflète le désir profond de voir un véritable changement dans le pays. L’appel de Bung Pinze à l’unité, à l’écoute de la société civile et des activistes, est un rappel de l’importance de la participation citoyenne dans la construction d’un avenir meilleur pour le Gabon. Nous attendons avec impatience le retour de Bung Pinze dans son pays et espérons que sa musique et son engagement continueront à inspirer le peuple gabonais vers un avenir plus lumineux.

Propos recueillis par Rhonny Starr Biyong.

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