5 ans après le suicide de Philippe Mory : ce qui n’avait pas été dit !

Père du cinéma gabonais,  Philippe Mory est aussi l’un des pionniers du cinéma d’Afrique noire. Scénariste et réalisateur, il s’était suicidé à l’aide d’un fusil dans la maison qu’il louait au quartier Nzeng-Ayong de Libreville le 7 juin 2016.

Sa vie finit dans la misère ! Philippe Mory n’a pas voulu d’honneurs officiels à sa mort !

Comédien de théâtre, Philippe Mory joue son premier grand rôle au cinéma dans ‘’On n’enterre pas le dimanche’’ de Michel Drach. Prix ‘’Louis Delluc’’ 1959, en 1962, il écrit le scénario de ‘’La Cage’’ réalisé par Robert Darène, avec Marina Vlady, Jean Servais et Philippe Mory. C’est le premier long métrage tourné au Gabon et en Afrique noire indépendante. Il passe derrière la caméra pour réaliser ‘’Un enfant du village’’ en 1978 et ‘’Les tam-tams se sont tus’’ en 1971. Il est à l’origine de la création du CENACI, (Centre National du Cinéma). Né en 1935, Philippe Mory était jusqu’au jour de sa mort le cinéaste gabonais  le plus célèbre. Ouvert à tous, il avait formé une grande famille avec les autres cinéastes gabonais.

Selon  ses voisins, ils ont  entendu la détonation d’une arme à feu venant de la maison qu’il louait. Sur place,  le corps inerte du réalisateur gisait  dans une mare de sang : Philippe Mory  venait  de se tirer une balle de fusil dans la bouche.  Il quitte ce monde dans des conditions déplorables. Abandonné de tous, il avait préféré se donner la mort parce que ne pouvant plus supporter de  vivre dans de telles conditions. Malade depuis un moment, tonton ‘’Phiphi’’ comme il aimait  se faire appeler meurt paralysé et pratiquement aveugle. Comme à son habitude, surtout pour les acteurs culturels, l’Etat gabonais n’a jamais rendu hommage à ce grand homme de son vivant; il  quitte ainsi ce monde  sans reconnaissante et  considération de son pays. Bien avant son suicide, il s’était confié à l’un de ses amis :

’’ Je ne désire pas qu’un officiel ou un de mes parents touche à mon cercueil. Je voudrais que vous, mes vrais parents, vous du monde du cinéma gabonais m’accompagniez dans la plus grande simplicité sans les honneurs de tous ces gens-là ‘’

Opposant farouche aux régimes de Bongo père et fils, Philippe Mory avait participé au coup d’Etat manqué qui failli renverser le Président Léon Mba en 1964.

En 1964, Philippe Mory participe au coup d’Etat qui visait à renverser Léon Mba, le premier Président du Gabon : un coup d’Etat qui échoua grâce à la France qui fit intervenir  ses « Marines » du 6ème BIMA. Jeté en prison, le jeune réalisateur fera 3 années d’incarcération qui n’altèreront point son engagement politique et sa volonté d’apporter son énergie au développement du cinéma au Gabon et en Afrique. Aucune distinction ne lui a été octroyée par les autorités gabonaises jusqu’à la fin de sa vie à cause de cet engagement politique, lui qui a été opposant jusqu’ à l’os depuis le régime de Léon Mba jusqu’à ceux de Bongo père et fils

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